Que peut l'éthique minimale pour les animaux ?
L'éthique minimale de Ruwen Ogien peut-elle justifier moralement un meilleur traitement des animaux ? De quelles ressources dispose-t-elle pour le faire ? Et est-ce suffisant ?
En bref : L’éthique d’Ogien ne permet qu’une prise en compte limitée des animaux. Ogien est très prudent sur ce sujet, qui met en lumière des défauts structurels de sa théorie.
L’éthique minimale n’est pas conçue pour prendre en compte les animaux. À l’exception de 20 pages publiées en 20111, Ruwen Ogien n’évoque presque jamais les animaux non-humains. Il signale que leur statut moral est « controversé »2, mais pas beaucoup plus.
Dans cet article j’essaie d’appliquer l’éthique d’Ogien aux non-humains, sans changer quoi que ce soit à la théorie. L’idée est de voir jusqu’où l’éthique minimale peut répondre aux préoccupations des défenseurs des droits des animaux.
Pour cela, je vais m’intéresser à 6 questions, qu’on pourra lire de façon assez indépendante :
- Peut-on nuire aux animaux ?
- Que faire de l’idée de consentement ?
- Peut-on écouter des « revendications » animales ?
- Peut-on « considérer également » les animaux ?
- L’éthique concerne-t-elle les animaux ?
- Manger de la viande est-il moral ?
À chaque fois, je commencerai par rappeler la position standard de l’éthique minimale. Je tenterai ensuite de voir comment l’adapter ou l’étendre aux animaux. Le résultat sera une ébauche d’éthique minimale « animaliste ».
Je terminerai l’article par un bilan général et une hypothèse pour expliquer le silence relatif d’Ogien concernant les animaux. À mon sens, ce sujet met en évidence plusieurs faiblesses de l’éthique minimale.
1. Peut-on nuire aux animaux ?
L’éthique minimale demande de ne pas nuire aux autres. C’est-à-dire de ne pas causer des dommages injustes à des personnes physiques, à des êtres vivants faits « de chair et d’os »3.
Les animaux sont-ils des « autres » protégés par le principe de non-nuisance ? Ogien pose la question, sans aller plus loin4. Dans les 20 pages qu’il consacre aux animaux, il réussit l’exploit de ne pas se prononcer clairement sur le sujet5.
Ogien reconnaît qu’il est difficile de justifier l’existence d’un « abîme moral » entre nous et les animaux6. Il admet à demi-mot que nous les traitons mal, voire que nous leur causons du tort. Mais il évite soigneusement d’affirmer quoi que ce soit d’explicite.
Pourtant, on pourrait conclure que certains animaux au moins appartiennent à la communauté morale. Ceux qui sont des personnes, qui ont une conscience individuelle et à qui on peut reconnaître des droits7.
Mais il est clair qu’Ogien n’a pas conçu sa théorie pour les dauphins et les grands singes. Ce sont plutôt des « passagers clandestins » : une lecture littérale permet de les faire entrer dans l’éthique minimale, mais ce n’est pas l’esprit des textes.
Reste alors à déterminer quels sont les animaux qui sont des personnes. Est-ce une part infime des non-humains ? Ou au contraire un ensemble largement étendu ? Que faire des animaux auxquels il manque certains critères de la personnalité ? Ces proto-personnes sont-elles aussi protégées par le principe de non-nuisance ?
En bref : Peut-on nuire aux animaux ? Oui, au moins à ceux qui sont des personnes. Mais cette conclusion s’appuie sur une interprétation littérale d’Ogien.
2. Que faire de l’idée de consentement ?
Pour un minimaliste, nuire revient à provoquer des dommages injustes. Mais sur quels critères s’appuie-t-on pour parler d’injustice ? Ogien n’en mentionne qu’un : le consentement, le fait d’exprimer son accord. Un dommage non-consenti est présumé injuste ; un dommage consenti est présumé acceptable.
Mais ce critère va soulever des problèmes. Les animaux peuvent-ils consentir ? À supposer que oui, pouvons nous comprendre leur consentement ? Et si c’est le cas, utiliser ce critère est-il toujours pertinent ? Malgré ces difficultés, Ogien mobilise le consentement pour penser nos rapports aux animaux8.
Il s’intéresse à l’annulation du tort. D’ordinaire, un humain peut consentir à certains dommages (intervention chirurgicale, match de boxe, etc.). S’il n’y consent pas, ces mêmes dommages deviennent injustes. Pour les animaux, la situation est différente. Il ne peuvent pas annuler l’injustice d’un dommage via leur consentement.
Cela signifie-t-il qu’on leur cause forcément du tort en leur faisant subir des dommages (soins médicaux, enfermement, etc.) ? Ou bien faut-il dire qu’on ne leur cause jamais aucun tort, puisque la question du consentement ne se pose pas pour eux ?
L’éthique minimale montre ici ses limites. Elle n’est pas construite pour penser nos relations avec des êtres inaptes à consentir ou à exprimer clairement leur accord. Animaux, enfants, handicapés ou malades mentaux : tous ces cas poussent l’éthique d’Ogien dans ses retranchements.
On gagnerait peut-être à utiliser un autre critère que le consentement pour établir les torts faits aux animaux9. Il faudrait alors enrichir l’éthique minimale dans son ensemble d’un nouveau critère, ce qui appelle un travail théorique minutieux10.
En bref : Que faire de l’idée de consentement ? Expliquer comment l’appliquer aux animaux, ou la compléter par une autre notion.
3. Peut-on écouter des « revendications » animales ?
L’éthique minimale met en avant la notion de « revendication ». Elle incite à écouter les demandes des individus, à considérer leurs revendications importantes : assistance à personne en danger, reconnaissance de droits, etc.
Mais que faire si l’autre n’est pas ou plus capable de s’exprimer ? S’il lui manque le langage, comme c’est semble-t-il le cas pour beaucoup d’animaux ? Ogien soutient que ces difficultés pratiques n’invalident pas son principe général11. Il faut être attentif aux revendications « dans la mesure du possible »12.
Dans ce contexte, rien n’interdit de s’intéresser aux revendications animales. Ça ne veut pas dire qu’elles seront claires, faciles à comprendre, dénuées d’ambiguïté ou intégralement déchiffrables. Mais de fait, la communication inter-espèce est déjà une réalité.
Nous pouvons échanger en langue des signes avec certains animaux. Nos animaux domestiques s’adressent à nous pour exprimer des besoins. Plus sommairement, les bêtes qui fuient ou attaquent face à notre agression envoient elles aussi un message.
L’éthique minimale n’est donc pas démunie pour étendre aux animaux l’idée d’écoute des revendications. Mais il faut reconnaître qu’il s’agit d’un cas très particulier. La notion de « revendication » sert au départ à éviter celle d’intérêt, qui peut être utilisée de façon paternaliste13.
Elle n’est peut-être pas optimale pour penser nos relations avec les animaux. Son apport par rapport à l’idée d’« intérêt » est moins évident dans le cas des animaux et des personnes incapables de s’exprimer.
En bref : Peut-on écouter des « revendications » animales ? Oui, même si des difficultés pratiques et théoriques existent.
4. Peut-on « considérer également » les animaux ?
L’éthique minimale défend le principe de « considération égale de chacun ». Selon ce principe, il faut éviter les formes les plus grossières de discrimination et traiter les cas similaires de façon similaire.
Ogien explique que les êtres humains sont globalement similaires14 : il n’y a pas de différence très signifiante au sein de l’espèce. Il en tire l’idée que le sexe, la couleur de peau, l’âge, l’origine sociale ou géographique ne justifient pas les discriminations.
La situation est différente pour les animaux. Au regard de certains critères, on peut mettre un signe d’égalité entre nous et une part des animaux15 :
- capacité à ressentir la douleur,
- conscience de soi,
- aptitude à planifier et anticiper,
- émotions de peur ou de joie,
- etc.
Ces points communs suffisent-ils à parler de similarité avec les humains ? N’est-ce pas « dans l’ensemble » la différence ou l’inégalité qui l’emporte ? Ogien ne tranche pas ces questions.
Il admet qu’aucune « différence radicale » ne peut être faite entre humains et animaux d’un point de vue moral16. Mais il reconnaît aussi que nous avons des raisons normatives de les traiter différemment17.
En fait, son principe de considération égale est d’abord un outil de lutte contre les injustices entre humains. Il n’a pas pour vocation initiale de régler des relations inter-espèces, relations qui restent largement impensées chez Ogien.
En bref : Peut-on considérer également les animaux ? Non, pas au sens où l’on devrait les traiter de la même façon que les hommes.
5. L’éthique concerne-t-elle les animaux ?
L’éthique en général concerne-t-elle les animaux ? Y ont-ils une place ? La réponse n’est pas facile à trouver chez Ogien. D’un coté, sa définition générale de l’éthique exclut les animaux. De l’autre, il admet que parler d’un « abîme moral » entre eux et nous serait une erreur.
Selon Ogien, la morale concerne uniquement :
les relations entre les personnes non réglées par la menace et la force18.
et
[les] formes possibles de la coexistence des libertés individuelles et de la coopération sociale équitable19.
Ce genre de conception rend extrêmement difficile d’intégrer les animaux à la morale. Ici presque chaque aspect pose problème quand on l’applique aux non-humains.
Tous les animaux sont-ils des « personnes » ? Probablement pas. Nos relations avec eux sont-elles réglées par autre chose que la « menace et la force » ? Pas sûr. Peut-on parler de « coopération sociale » avec les animaux ? leur attribuer des « libertés individuelles » ? Peut-être, mais en quels sens ?
Ruwen Ogien n’est pourtant pas un ennemi acharné des animaux. Il reconnaît une continuité morale entre eux et nous20. Il semble ouvert à leur accorder une place en éthique, même s’il ne franchit jamais explicitement le pas.
Ce qui lui semble contestable, ce sont les tentatives d’aligner le traitement des animaux sur celui des humains. La prise en compte des animaux en morale devrait reconnaître leurs spécificités21. Chercher à les traiter exactement comme des humains n’est peut-être pas la meilleure voie selon lui.
Si on veut étendre l’éthique minimale aux animaux, il faut probablement rejeter ou adapter la définition générale de l’éthique proposée par Ogien.
En bref : L’éthique concerne-t-elle les animaux ? Pas vraiment chez Ogien. Mais d’autres versions de l’éthique minimale sont possibles.
6. Manger de la viande est-il moral ?
Selon l’éthique minimale, seuls les actes directs et délibérés qui causent des dommages injustes à des êtres vivants constituent du tort moral. Les conséquences indirectes d’une action n’entrent pas en compte.
Dans ce contexte, manger de la viande ne peut pas être immoral. En mangeant de la chair animale, on ne provoque pas de dommages à un être vivant. L’animal consommé est mort : on ne peut plus lui nuire. Et le fait de manger cet animal ne nuit pas aux autres.
Déplacer la question vers l’achat de viande ou de produits issus des animaux (cuir, lait, etc.) ne change rien. En achetant de la viande, je ne dégrade pas la situation des animaux déjà morts. Et ma participation aux préjudices subis par d’autres animaux via mon acte est très indirecte, voire incertaine22.
La consommation de viande n’a dès lors rien à voir avec l’éthique si on suit Ogien. Elle n’est ni morale, ni immorale : elle relève d’un choix personnel sur lequel les autres n’ont pas leur mot à dire. Un peu comme les choix éducatifs qu’on fait pour ses enfants, la préférence pour les produits écologiques ou le logiciel libre.
L’éthique minimale ne peut pas servir de justification à des pratiques comme le végétarisme ou le véganisme. Ces choix sont peut-être fondés sur des considérations morales, mais ils n’ont rien de moral en eux-mêmes. On pourrait plutôt y voir des choix politiques, qui s’adressent d’abord aux autres humains et non pas aux animaux.
En bref : Manger de la viande est-il moral ? Oui. Ou plutôt : ça n’a rien à voir avec la morale.
Ruwen Ogien & les animaux
Que peut l’éthique minimale pour les animaux ? La réponse oscille entre « rien » et « pas grand chose ». Dans une lecture strictement ogienienne, cette théorie n’est pas adaptée à la prise en compte des animaux. Malgré quelques déclarations d’Ogien, les animaux non-humains sont largement oubliés dans son œuvre.
Il est toutefois possible de proposer une lecture non-orthodoxe de l’éthique minimale. Dans cette interprétation, on souligne les nombreux éléments qui peuvent servir à mieux traiter les animaux au nom du minimalisme moral. On relit Ogien dans une optique « animaliste », en jouant parfois la lettre des textes contre leur esprit.
Mais à lui seul, ce genre de lecture ne suffit pas pour faire entrer les animaux dans l’éthique minimale. Un travail philosophique supplémentaire est inévitable pour préciser, compléter, et amender l’éthique d’Ogien. Ce n’est qu’au prix de modifications parfois importantes qu’on peut proposer une éthique minimale vraiment ouverte aux animaux.
Pourquoi ce silence ?
Ruwen Ogien connaît la littérature sur l’éthique animale23. Pourtant il n’aborde presque jamais le sujet. Il parle d’éthique sexuelle, de clonage, d’euthanasie, d’ingénierie génétique, de prostitution, du tort à naître handicapé, voire à naître tout court, mais pas du sort des animaux. Pourquoi ?
Dans cet article, j’ai tenté d’appliquer l’éthique minimale aux animaux. Cela m’a conduit à mettre en lumière des limites structurelles de cette théorie. La question animale agit comme un révélateur, comme une loupe : elle rend inmanquable certains défauts du minimalisme éthique.
Mon hypothèse est qu’Ogien en a conscience. S’il n’est jamais affirmatif concernant le statut et le traitement des animaux, c’est parce qu’il ne peut pas l’être. Pour se prononcer clairement, il devrait remanier son éthique minimale et affronter certains problèmes. Quels sont-ils ?
- Le critère du consentement est difficilement applicable dans les situations où autrui ne peut pas ou plus s’exprimer.
- L’écoute des revendications n’est pas toujours possible, ou se fait dans des conditions très dégradées24.
- La différence pratique entre « prise en compte des intérêts » et « écoute des revendications » semble minime lorsque l’autre n’a jamais pu s’exprimer.
- Malgré ses déclarations optimistes, Ogien n’applique jamais son anti-paternalisme aux enfants ou aux handicapés mentaux pour expliciter sa théorie.
- La problématique des animaux renvoie l’éthique minimale à son incapacité à expliquer ce qu’il y a de mal à tuer en général25.
- La question animale ramène aussi à la question de la valeur de la vie, et au tort à faire naître des vies supposées « misérables » (handicapés, animaux de laboratoire, etc.)26.
Ces problèmes ne sont pas liés aux animaux. Ils sont déjà présents lorsqu’on ne s’intéresse qu’aux humains. Ils tournent globalement autour de l’application de l’anti-paternalisme à certains cas limites. Ils seraient probablement moins prégnants si Ogien avait pris la peine d’appliquer son éthique à ces exemples limites.
Ogien ne s’oppose pas au paternalisme en toute situation. Il s’oppose au fait de traiter les adultes comme des enfants. Il ne suggère jamais de traiter les enfants (par exemple) comme des adultes en « pleine possession de leurs moyens ».
Mais comment interagir avec les enfants ? avec les animaux ? avec tous ceux qui ne peuvent pas, plus, ou qui n’ont jamais pu s’exprimer de façon claire et explicite ? En l’absence d’un exemple d’application, l’éthique minimale semble prise en défaut.
Notes
- Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Ch. 11 « Faut-il éliminer les animaux pour les libérer ?« , p. 151-170. On trouvera un essai d’inventaire des propos d’Ogien concernant les animaux sur la page Ruwen Ogien & les animaux. ↩
- Ruwen Ogien, L’éthique aujourd’hui, Ch. 4, p. 83 ↩
- Ibid., p. 84 ↩
- Ruwen Ogien, L’éthique aujourd’hui, Ch. 4, p. 83 ↩
- Ogien est coutumier des formules sibyllines, où il est difficile de savoir qui parle (« on estime », « on peut penser », etc.). De ce point de vue, le texte de « Faut-il éliminer les animaux pour les libérer ? » est une sorte de performance. ↩
- Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Ch. 11, p. 158-159 ↩
- Ruwen Ogien, La vie, la mort, l’État, p. 158 ↩
- Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Ch. 11, p. 162-163 ↩
- Ogien ne dit jamais que le consentement est le seul critère à utiliser pour établir l’injustice. Mais de fait, c’est bien le seul qu’il mentionne explicitement et sur lequel il s’appuie de façon récurrente. ↩
- On ne peut pas ajouter un critère à mobiliser uniquement lorsque les animaux sont concernés. Cela revient à sortir un critère ad hoc de son chapeau lorsque cela nous arrange. Au lieu de simplifier les choses, cela compliquerait toutes les évaluations morales. Il faudrait systématiquement expliquer pourquoi dans cette situation singulière, on a appliqué le critère « habituel » seul et pas aussi le critère « spécial ». ↩
- Ruwen Ogien, L’éthique aujourd’hui, Ch. 6, p. 117 ↩
- Ibid. ↩
- Voir la section « Éviter le paternalisme » de la page sur le principe de considération égale. ↩
- Ruwen Ogien, L’éthique aujourd’hui, Ch. 7, p. 151-152 ↩
- Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Ch. 11, p. 152-154 ↩
- Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Ch. 11, p. 170 ↩
- Ibid. ↩
- Ruwen Ogien, L’éthique aujourd’hui, Ch. 4, p. 80 ↩
- Ruwen Ogien, L’éthique aujourd’hui, Conclusion, p. 197 ↩
- Voir la section concernée à L’influence de l’odeur des croissants chauds… sur la page Ruwen Ogien & les animaux ↩
- Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Ch. 11, p. 170 ↩
- Indirecte : il y a une différence entre acheter un bien qui résulte de l’exploitation animale par d’autres, et être soi-même à brutaliser des animaux dans un abattoir ou à organiser délibérément leur massacre dans un bureau.
Incertaine : en achetant de la viande ou du cuir, il n’est pas d’emblée certain que je participe à au maintient du système d’exploitation. Imaginons que le magasin où j’achète ait décidé d’arrêter la vente de ce type de produit en amont. Mon action particulière n’aura aucun impact sur la poursuite de l’exploitation. ↩ - Ogien cite très occasionnellement des auteurs comme Peter Singer, Tom Regan, Gary Francione ou Jeff McMahan à plusieurs endroits de son œuvre. En général, dans une note de bas de page. ↩
- Ogien répond à cette critique (voir ici). Mais sa réponse est moins satisfaisante lorsqu’elle concerne des êtres qui n’ont jamais pu s’exprimer du fait de leur nature. ↩
- L’idée que l’éthique minimale soit incapable d’expliquer le tort à tuer est développée l’article consacré au dommage dans l’éthique minimale. Une version différente du même genre de thèse avait été transmise à Ruwen Ogien dès 2006 (cf. L’éthique aujourd’hui, p. 226 note 11). ↩
- Trois remarques concernant ce point :
(1). J’utilise « misérable » pour faire court, sans préjuger de la valeur de la vie des porteurs de handicaps lourds. Ogien signale explicitement que leur aspect « misérable » est largement contestable, voire faux.
(2). En théorie, Ogien devrait éjecter hors de la morale des questions comme celle de la valeur de la vie. Savoir si une vie « vaut le coup d’être vécue » est une question existentielle qui n’a rien à faire en éthique.
(3). Le problème du tort à faire naître des enfants handicapés « hante » la pensée d’Ogien à partir de 2006. Pourtant Ogien esquive soigneusement le problème équivalent qui consiste à faire naître des animaux non-viables, ou profondément modifiés génétiquement. ↩